Une absence de quelques jours sur son blog et c’est immédiatement la débandade question audience…À peine quelques dizaines de lecteurs ces trois quatre derniers jours…les raisons sont simples. un week-end à Paris (pour ceux qui ne le savent pas, je réside à Madrid) et beaucoup de travail…néanmoins, dans ma besace qui me suit partout, un stylo bic et mon petit carnet Moleskine, couverture rigide noir, sur lequel je note quasiment tout et en vrac, une simple trace écrite pour me remettre une humeur, une pensée sur le moment fulgurante, complètement banale à la relecture…un rendez-vous chez le médecin, un numéro de réservation…de tout absolument de tout…donc ce week-end, éloigné d’internet et d’un quelconque clavier, j’ai donc noté et archivé sur ce blackbook ce dont je voulais vous faire part…
VENDREDI 6 NOVEMBRE
Attention: Carmeliro se fâche. Désolé, je n’arrive pas à insérer cette vidéo. C’est donc le psychodrame en Espagne. Un bateau de pêche, l’Alakrana, qui croisait à hauteur des côtes somaliennes est retenu en otage par des Somaliens depuis une quarantaine de jours, les pirates demandent la libération de leurs potes retenus en Espagne, sinon ils exécuteront des otages. Le ministre de la défense en charge de ce dossier est une sorte d’icône socialiste, une femme de gauche plutôt bien foutue…bref les pirates doivent plutôt se marrer d’avoir à faire à une telle gamine qui a la tête d’un gentil poussin mal réveillé sur cette vidéo de conférence de presse dans laquelle elle explique qu’elle est fâchée. Bonne chance aux familles des otages…
C'est moi qui vais libérer les otages de l'Alakrana
Vendredi encore, je prends l’avion dans l’après-midi, j’arrive à CDG, ma mère m’attend, je rentre à la maison. Je déjeune et dîne en même temps, foie gras, steak, tomate, éclair au chocolat.
Je pars rapidement pour un troquet de l’Est parisien, c’est l’anniversaire surprise de F. que sa copine a habilement manigancé dans son dos. Je l’ai encore eu au téléphone une heure auparavant pour lui souhaiter un bon anniversaire et lui dire que j’étais à Madrid. Le bar est assez pourri mais le service agréable. La présence de trois piliers de bar dont un Péruvien en France depuis 24 ans ajoutent au charme désuet. Ici, ça fume encore au bar. J’évite, il y a un enfant en bas âge dans la salle. J’ai revu avec plaisir mes amis de toute la vie. V. me dit qu’il faut envoyer l’armée en banlieue et faire des exemples. Beaucoup partagent son opinion en termes moins violents. Enfin F. arrive… »Happy birthday… » des émotions se dessinent sur son visage.
Enfin T. et P.N. arrivent. P.N. de Rome…lui aussi a fait la surprise à F., ne manque que N. pour des raisons économiques, il n’a pu venir de Barcelone.
La soirée suit son cours, l’alcool coule, le Côte du Rhône n’est pas mauvais, le buffet correct.
Arrive J. Nos relations sont très ambiguës. Nous nous connaissons depuis 15 ans, parfois très amis, parfois ennemis, nous nous mettons sur la gueule de manière violente, nous sommes littéralement différents, tellement inconcevable, pourtant nous nous retrouvons sur certaines choses…je peux lui demander de l’aide si je suis dans la merde, il le fera et moi pareil…quelque chose entre nous…je ne sais pas…bizarre…en tout cas, deux ans que je ne l’ai pas vu…salutations tendues…l’alcool aide à détendre les tensions…
Arrivent G. et L., respectivement journaliste à RadioFrance et substitut du procureur…en banlieue parisienne…au moins trois ou quatre ans que je ne les ai pas vues les deux…toujours aussi agréables physiquement…G. attaque tout de suite P.N. sur Berlusconi, sa politique raciste, ses incartades…P.N. la sèche rapidement…G. comprend vite que la formation idéologique intégrée chez RadioFrance et en école de journalisme ne fera pas le poids face à la mécanique intellectuelle parfaitement huilée de son contradicteur…Je me tiens à l’écart du débat jusqu’au moment où G. et L. nous asticotent en faisant la promotion de l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne…je lui démontre par A+B que c’est la mort de l’UE…elle n’en démord pas… »très bien, finis-je, hereusement qu’il y des mecs comme moi et P.N. pour protéger des filles comme vous »… Encore un peu plus d’alcool, je dis à G. qu’elle n’a pas beaucoup changé et qu’elle est toujours aussi jolie…elle me remercie nullement gênée et m’avoue qu’elle avait le béguin pour moi en terminale…que des choses auraient pu se faire…alors…elle a un mec depuis sept ans…moi une chère depuis deux ans…des projets…avec elle…qui sait peut-être…un jour…nous oublierons nos engagements le temps d’une étreinte….
Durant la même soirée, je parle avec Le., une jolie Algérienne de 26 ans qui vit en France depuis une dizaine d’années du côté d’Aix…maintenant à Paris…elle me demande… pourquoi vous vous laissez marcher sur les pieds…pourquoi les arabes ici se sentent tout permis… pourquoi autant de voiles…à Marseille… d’insécurité? Je tente de lui expliquer puis m’y refuse tellement la situation qu’elle décrit de ses mots simples, dépasse l’entendement…
Une preuve de plus que la France fout le camp…
Je rentre vers trois-quatre heures… je suis éméché…
SAMEDI 7 NOVEMBRE
Je me lève vers 10 heures, je prends une aspirine…un bain brûlant…l’excellent croissant de mon boulanger…je suis habillé et prêt à décoller vers 11h30. Je souhaite m’acheter quelques fringues…tout est plus cher qu’à Madrid…environ 30 ou 40% plus cher…en revanche, se promener dans Paris…en voiture par une journée d’automne…est incomparable…les grandes avenues… les rues homogènes…les gens bien habillés, les jolies filles…
Je file chez Gibert, boulevard saint Michel, afin de me recharger en livres, le rayon français de la Fnac de Madrid n’offre que peu de choix… et puis l’occasion c’est moins cher… j’achète donc: la Grande déculturation de Renaud Camus, l’homme du lac de Indridason, la Route de Mccarthy, Bone de Chesbro, Soul Circus de Pelecanos, le Guerrier solitaire de Mankell, Rage de dents de Lashner, les égouts de Los Angeles de Connelly, 1977 de David Peace…
Voilà le programme de mes prochaines lectures, j’essaierai de faire une note de lecture de la Grande déculturation, conseillé par Didier Goux. Le tout m’est revenu à moins de 43 euro.
Ensuite, direction le cinéma du Panthéon pour voir Un prophète. Un film absolument hallucinant, probablement le meilleur film du meilleur cinéaste français. Meilleur film français depuis une dizaine d’années.
Ensuite j’ai vu T. qui m’a parlé de ses projets littéraires, j’espère que ça marchera.
Revenu à la maison, vu en partie le match du PSG sut Foot+. Le PSG a encore perdu, dix ans que ça dure et pourtant je ne peux me résoudre à supporter une autre équipe, le sens des valeurs, de la loyauté, l’aveuglement, je ne sais pas….
Parti le soir manger chez J.M., six personnes à table. Repas excellent,mais trop mangé. Deux bouteilles de champagne Cattier en entrée avec les amuse-bouches. tranche de fois gras, accompagné d’un magnum de Pomerol, suivi d’un Saint-Jospeh, pour le gigot d’agneau avec un gratin d’anthologie et des échalotes confites…un plateau de fromage…mes papilles sont encore exaltées en ce mardi…une bouteille de Graves pour faire suivre…et du Ruinart pour l’assiette de desserts qui comprend des crêpes flambées…une tarte au chocolat…un fondant… de la glace…je suis plein… il nous faut le digestif…
J.M. sort une poire, excellente, introuvable dans le commerce, il me raconte comment il l’a eue « Profites-en, c’est les dernières, le papy qui les fait est mort, son fils n’a jamais voulu apprendre, ecnore un truc qui se perd ». Nous avons donc bu la poire en l’honneur du papy dont le savoir-faire s’est perdu.
Sorti vers une heure. J’ai rejoint toute la bande, bu des canons, le plaisir de se retrouver…Couché vers quatre heures.
Levé je fais ma valise. Ta. arrive avec sa copine du moment, Li. est également présent. Nous mangeons un sauté de veau arrosé d’un viña pomal, vin de la Rioja…du champagne et aussi une coupe colonel…
15 heures 30, je dois prendre le bus Porte Maillot pour aller à l’aéroport…
Une jolie fille assise à côté de moi, elle pleure, j’imagine une dure séparation…je m’endors dans le bus…elle aussi…on se réveille… on se sourit….j’embarque…une heure de retard…pas un mot d’excuse de la part de la compagnie…je dors dans l’avion…trois jeunes Espagnols hurlent littéralement dans l’avion. Ils me réveillent. J’en ai marre de cette éducation qui fout le camp partout en Europe et dans le monde.
Je récupère ma valise. J’attends le bus, la fille qui m’a souri dans le car de la Porte Maillot est là aussi. Je lui demande une cigarette, elle me la tend avec gentillesse, me l’allume. Quelque chose se passe. Une étincelle…Un ange passe… Je suis loyal et fidèle à une femme. Je rentre. Elle m’attend, on s’embrasse. Je lui raconte mes jours sans elle, ce que vous venez de lire, quelques détails en moins, la conclusion idéale d’un-week end trop court…
Cherea